Au niveau législatif, il est intéressant de constater le grand contraste dans ce débat entre l'approche du gouvernement américain et l'Union européenne.
Dans ce billet, je vais présenter très sommairement les approches de chacun de ces deux grands gouvernements. Comme vous le verrez, l'UE et les É-U semble aller dans deux directions opposés.
Dans le cas des É-U, on adopte une politique beaucoup plus souple, tandis que l'Europe a opté pour une restriction plus sévère de l'accès des entités commerciales aux données de la vie privée.
La gestion de la vie privée aux É-U
Aux États-Unis, le “Consumer Privacy Bill of Rights Act of 2015” [S.1158 - 114th Congress] voté en 2015 sous l'administration Obama a été révoqué en mars de cette année [S.J.Res.34 - 115th Congress]. Ceci permet aux fournisseurs d’accès internet de collecter des informations sur les utilisateurs.Les entreprises de télécommunication voient cela d'un bon oeil. Elles pourraient par contre perdre la confiance des internautes qui considèrent leur vie privée comme presque aussi importante que leur sécurité informatique, ce qui pourrait les amener à faire attention aux sites sur lesquels ils écrivent ou magasinent [eMarketer, 31 mars 2017]. Pour citer De Moy (directeur privacy and data au Center for Democracy & Technology) :
Lorsque les gens cessent de faire confiance à l'Internet, nous perdons non seulement la confiance, mais aussi des dollars.Néanmoins, le risque de cette perte de confiance auprès de la population ne semble se refléter au niveau législatif ou politique. Car les Google, Facebook, Amazon et al maintiennent une assez grande liberté dans la collecte de données. Par ricochet, cette souplesse du gouvernement donne lieu à une intensification du recours à des logiciels de type « ad blocking, » initiant la course aux armements entre bloqueurs et anti-bloqueurs que se livrent les internautes et les éditeurs [Khattak 2017].
En résumé, on peut ramener l'approche américaine aux caractéristiques suivants :
- Le marché américain est très peu réglementé
- La collecte de données peut être incroyable
- La confiance des internautes doit quand même être ménagée
- Le recours aux bloqueurs d’annonce, aux logiciels d’anonymisation et aux VPN va s’intensifier
La gestion de la vie privée en Europe
En 2016, l'Union Européenne a adopté son cadre réglementaire sur la collecte et la protection des informations personnelles [Règlement (UE) 2016/679, 27 avril 2017]. Le règlement est entré en vigueur pour les membres de l'union depuis mai 2018. C'est une réponse directe aux attentes du public tel que définis lors de la European conference of Data Protection Authorities [Information Commissioner's Office, mai 2015].Le but direct est de protéger les données personnelles des citoyens de l'union. Ceci est en partie une réponse au scandale de l'espionnage américain révélé par le site Wikileaks. Le scandal des fausses nouvelles des élections américaines en 2016 a bien entendu renforcé cette position. Mais c'est peut-être aussi un moyen détourné pour l'Europe de favoriser l'émergence d'un marché protégé de la donnée européenne [eMarketer, 14 mars 2017]. Pour citer Todd Ruback :
Ils tentent de créer les conditions à l'intérieur de l'UE pour engendrer le prochain Facebook ou Google - essentiellement une compagnie technologique européenne.En résumé, on peut ramener l'approche américaine aux caractéristiques suivants :
- Le marché européen est fortement réglementé
- La collecte de données est difficile et doit être prudente
- La mesure a un effet de protectionnisme sur les données d’audience de l’Europe
- C’est une opportunité pour entreprises technologique de l’Europe
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