vendredi 27 juillet 2018

Faire connaître la guerre de données derrière la neutralité du net


INF 6107 | Activité B | Roger Kamena

Expliquez les composantes de votre initiative et leurs liens entre eux. Incluez des liens.

L’annonce de la fin de la neutralité du Net aux États-Unis a secoué le monde entier. Cette décision a des répercussions importantes sur l’écosystème numérique mondial, dont l’accès à la donnée utilisateur et le contrôle de la circulation de cette donnée.
Tant au niveau professionnel qu’au niveau personnel en tant qu’utilisateur, le sujet de la neutralité du net et la sensibilisation aux enjeux sociaux liés à ce débat me tiennent à coeur.
Un des enjeux liés à la polémique de la neutralité du net est notamment la guerre de données qu’elle entraîne entre les compagnies de télécommunications et le GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) ou FAANG (Facebook, Apple, Amazon, Netflix et Google).
Sans nécessairement prendre position dans cette guerre, à titre d’expert en média numérique depuis une décennie, j’ai cru important de tout au moins informer la population à son sujet. Il est naturellement difficile de prendre position à propos d’une situation dont on ne connaît pas l’existence. Ce faisant, je juge que le simple fait de sensibiliser les gens au sujet d’une guerre de données sous-jacente à la neutralité du net mérite d’être médiatisé.
C’est pourquoi j’ai choisi de publier, avec l’aide de mon collègue Nicolas Scott, une analyse portant sur cette guerre des données très peu connue en lien avec le débat social de la neutralité du net.
Pour à la fois maximiser mes chances de gagner de la visibilité autour de la question et aussi, de la crédibilité dans cette initiative, j’ai sollicité le site The Conversation, reconnu pour ses articles et ses analyses très pointus, particulièrement parmi en milieu académique.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai dû obtenir l’approbation de mon professeur de cours, Daniel Lemire, pour que le site The Conversation accepte de publier mon article. En effet, seules les doctorants ou les candidats au doctorat ont le droit de publier sur le site The Conversion. Pour l’instant, je ne suis qu’un simple étudiant à la maîtrise, donc le processus d’approbation a été plutôt long et ardu.
Néanmoins, la bonne nouvelle c’est que j’ai pu rédigé un article approuvé par mon professeur Daniel Lemire et finalement approuvé aussi par l’équipe de rédaction du site The Conversation (l’édition canadienne).
Le titre de l’article est (rédigé en anglais) est : ‘The data war behind net neutralité’.
Mon objectif en publiant l’article sur cette plateforme assez prestigieuse était d’aller chercher un maximum de visibilité. Je n’ai peut-être pas réussi à créer un effet viral sur les médias sociaux, mais comme les résultats de visites de la page vont le démontrer, l’article a tout de même pu rejoindre plusieurs milliers de lecteurs, surtout au Canada. L’article a de plus été repris par plusieurs éditeurs très respectés, chose dont je suis très fier compte tenu l’effort requis pour le publier.

Décrivez sommairement les activités que vous avez menées.

Le processus s’est effectué en plusieurs étapes. Il aurait été plus simple de simplement rédiger mon article sur ma propre plateforme de blogue, notamment celle-ci. Par contre, les efforts ensuite pour obtenir de la visibilité auraient probablement demandé beaucoup plus d’effort ensuite pour obtenir les résultats obtenus en publiant sur une plateforme prestigieuse comme The Conversation.
Pour réussir à publier sur The Conversion, voici le sommaire des activités que j’ai dû entreprendre :
  1. Rédiger une analyse solide : J’ai d’abord travaillé avec l’appui de mon collègue à rédiger un article digne d’être publié sur The Conversation. Cette étape a demandé beaucoup de recherche et de temps, mais c’était essentiel pour obtenir le droit de publier.
  2. Soumettre une demande à l’éditeur : J’ai ensuite rédigé un sommaire (Abstract) de mon analyse aux rédacteurs du site web.
  3. Soumettre l’article pour approbation par mon professeur : À la demande de l’éditeur, j’ai dû obtenir l’approbation de mon professeur (Daniel Lemire) afin d’avoir le droit de publier l’article, même si le contenu en soi avait été approuvé.
  4. Promouvoir l’article sur les médias sociaux : Une fois l’article publié, j’ai commencé la promotion sur les médias sociaux.
  5. Monitorer et patienter : Tel que mentionné, je savais que mon petit réseau sur les médias sociaux auraient peu de portée, même avec les meilleurs efforts possibles de ma part. Mon espoir était que la plateforme The Conversion et sa base de lecteurs donnent un certain momentum à l’article. Pour en faire le suivi, j’ai fais appel à deux outils :
    1. L’outil analytique interne du site The Conversion pour la mesure de fréquentation de la page de l’article et des partages sociaux de celle-ci.
    2. L’outil Link Explorer de Moz Analytics pour lequel on peut avoir un accès gratuit limité afin de suivre le référencement de la page et des liens entrants qu’elle génère.

Analysez les statistiques de fréquentation sur votre page centrale. Incluez des figures.


— Quelle ont été les tendances ?

Au total, l’article a rejoint 3 372 lecteurs selon l’outil analytique de The Conversation.

La portée a connu une bonne lancée après les premiers jours de publications de l’article. On constate que 80% de la propagation s’est fait dans la première semaine et le volume de fréquentation se stabilise ensuite et ralentit significativement :



— D’où provenaient les visiteurs ?

Pour maximiser l’audience de chaque article, The Conversion l’a publié sur plusieurs plateformes partenaires, voici le décompte de lecteurs par plateforme selon leur outil analytique interne  :

  1. The Conversation = 1336
  2. The Tyee = 1004
  3. Tech Central = 401
  4. EconoTimes = 34
  5. Newsify (App) = 20
  6. Flipboard = 13
  7. RepubHub = 7
  8. Inoreader = 3
  9. Development Channel = 3
  10. Others = 551

D’un point de vue géographique, 46% de visiteurs sont du Canada et 24% des États-Unis. L’Afrique du Sud est le troisième pays en importance en termes de visiteurs avec 9% des visiteurs, suivi de l’Australie avec 4%. Les autres pays agrégés représentent communément 18% des visiteurs. Je suis d’ailleurs un peu étonné de ne pas voir plus de visiteurs de l’Europe, notamment le UK.



— Quels référants se sont avérés les plus importants ?

De plus, en utilisant Link Explorer du logiciel MOZ (utilisé pour le SEO), la belle surprise a été de voir que l’article a été re-publié par le site du média d’actualité National Post :



J’ai également ajouté des liens entrants vers l’article par l’entremise de billets de blogue portants sur des sujets similaires que j’ai publié sur d’autres plateformes. Les deux principaux sites référents pour lesquels j’ai rédigé des billets sont :

  1. Adviso.ca (mon employeur)
  2. Customer Think (un éditeur invitant les professionnels du marketing à rédiger des articles comme rédacteur invité)

En ce qui a trait aux médias sociaux, j’ai utilisé le logiciel BuzzSumo pour analyse les partages de l’article.



Au total, on compte 36 partages de l’article, ce qui n’est pas énorme en soi.

Identifiez les principaux facteurs qui, selon vous, ont pu aider ou nuire à la visibilité de votre initiative. 

Dans l’ensemble, je suis très satisfait de l'exercice avec plus de 3300 visites de la page, malgré les difficultés et le grand défi de publier sur une plateforme comme The Conversation. Par contre, j’aurais pu améliorer la portée en mettant plus d’efforts de promotion sur les médias sociaux en partageant l’article avec des groupes pertinents.

lundi 23 juillet 2018

L'émergence des ad blockers dans la gestion de l'identité numérique


Le NY Mag a publié en décembre 2017 un article intitulé « How to See What Data Facebook and Google Have About You. » L'article commence par poser la question suivante : Les plus grandes entreprises de la Silicon Valley sont-elles devenues trop puissantes ?

Cette question fait de plus en plus les manchettes médiatiques depuis le scandal des fausses nouvelles (fake news) sur Facebook autour des élections américaines en 2016. La population en général est maintenant mieux informée à propos de la façon dont Google, Facebook, Amazon et al exploitent les données privées partagées sur ces plateformes à des fins commerciales.

En réponse à cette nouvelle réalité, les utilisateurs ont décidé de contre-attaquer. C'est ainsi qu'est survenu le phénomène des « ad blockers » ou logiciels anti-publicitaires. 

Ces logiciels, comme le populaire Privacy Badger, prennent souvent la forme d'une extension de fureteur. Le rôle de ces outils est d'empêcher les serveurs publicitaires des éditeurs d'envoyer des appels aux serveurs publicitaires des annonceurs. Par conséquent, l'annonceur ne peut pas afficher de publicité à l'utilisateur, car l'identifiant de fureteur de ce dernier, qui lui est rattaché à un ensemble de données à son sujet (intérêts personnels, comportement d'achat, âge, sexe, situation familiale, etc.), est bloqué par le logiciel anti-publicitaire.

D'ailleurs, si vous aimeriez savoir ce que Facebook interprète à votre sujet auprès des annonceurs, visitez ce lien

Il y a bien entendu des avantages à cette technologie mais aussi, dans enjeux. Si les éditeurs ne sont plus en mesure d'obtenir des revenus publicitaires, comment pourront-ils continuer de publier du contenu ou développer des applications comme Google Maps, Waze, Météo Média, Facebook, etc. ?

Est-ce possible de trouver un juste milieu ? Toutes ces questions sont en pleine ébullition dans l'industrie du marketing en ce moment. Les gouvernements prennent action, comme dans le cas de l'UE. Mais l'équilibre est loin d'être atteint. Cette récente évolution du web social fera encore l'objet de bien des analyses et des débats sociaux.

dimanche 22 juillet 2018

Quora : Réseau social du partage des connaissances

L’identification du logo



L’adresse (web)



L’initiateur(s)


Adam D’AngeloCharlie Cheever


Le propriétaire


Adam D’Angelo, fondateur et PDG


La date de création

1 juin, 2009


L’historique

Adam D'Angelo a fondé Quora.com après avoir quitté son poste de directeur technique (CTO) chez Facebook. Le site a d'abord été perçu comme un nouveau Yahoo Questions ou Aardvark. Mais la plateforme s'est démarquée en apportant une composante sociale beaucoup plus forte, entre autre avec le concept des contributeurs - les personnes répondant aux questions sur le site.

Le type de service offert


.Quora offre une plateforme communautaire propice à l'échange de connaissances sous forme d'interactions en mode question / réponse. 


Les prédécesseurs

Yahoo Questions et Aardvark.


Les compétiteurs

  • Yahoo! Answers
  • Aardvark
  • WikiAnswers
  • StackExchange / StackOverflow
  • Facebook Questions
  • Ask MetaFilter
  • Mahalo Answers
  • Fluther
  • LinkedIn Answers


Les langues d’interface


Il y a 9 options de langue pour l'interface :


Les modalités de recherche


La principale option de recherche est via la barre de question en haut de la page :


Les utilisateurs visés


Il y a une perception que la plateforme s'adresse plus aux intellectuels, mais Quora devient très « mainstream » est rejoint une audience socio-démographique très diversifiée. 


Le nombre d’utilisateurs


Il y aurait 190 millions d'utilisateurs uniques avec un compte Quora en date de mars 2018 selon DMR et 662 millions de visites par mois en moyenne selon SimilarWeb.


Les frais d’utilisation


Gratuit.


Les types de navigation offerts


Il est possible d'accéder à la plateforme via le site web avec fureteur mobile ou desktop. Il y a aussi une application mobile disponible sur Android et iTunes

La possibilité pour les utilisateurs de gérer un profil


L'utilisateur peut enrichir son profil en ajouter des informations pertinentes à propos de ses intérêts et surtout, au sujet de ses champs d'expertises, tant académiques que professionnelles. C'est une bonne façon de laisser savoir aux autres membres de la communauté que l'utilisateur a la crédibilité (ou non) de répondre à certaines questions. 


Les éléments faisant partie du profil


À part le nom, en visitant le profil d'un utilisateur, on peut aussi savoir combien de gens le suivent, qui suit-il, quelles sont ses questions et ses réponses, quels sont ses sujets d'intérêt, etc.  


La présence de groupes ou de réseaux


Quora est une communauté centrée sur l'interaction linéaire entre une question et une réponse. Les questions sont organisées par sujet, mais il n'existe pas de notion de groupe sur Quora au même titre que sur Facebook ou Google Plus. Les grappes de réseaux se forment principalement autour des questions et tout au plus, autour des sujets en lien avec ces questions. 


Les options de vie privée 


La visibilité des informations du profil d'un utilisateur ne sont généralement visibles qu'aux membres de Quora. Par contre, contrairement à Facebook, il y a relativement peu de façons de filtrer certains aspects de notre profil sur Quora. 

Néanmoins, il existe des options de filtrage des informations de notre profil. Voici à quoi ça ressemble :


L’interopérabilité avec d’autres services


Il est possible de créer son compte Quora à partir d'un autre profil sur l'une des plateformes suivantes :

jeudi 19 juillet 2018

BuzzSumo : Plateforme analytique pour le marketing de contenu


L’identification du logo



L’adresse (web)



L’initiateur(s)


Steve Rayson, Henley Wing, James Blackwell


Le propriétaire


La compagnie BrandWatch a fait l'acquisition de la plateforme en octobre 2017.


La date de création


2014


L’historique


Steve Rayson a rencontré Henley Wing et James Blackwell pour la première fois en décembre 2013, à New York. Les trois initiateurs ont convenu de transformer la première version de BuzzSumo, qu'ils développaient pendant leur temps libre, en une entreprise SaaS (Software as a Service). La société a été créée en mars 2014 et, au cours de l’année, les fondateurs ont tous quitté leurs emplois précédents pour se concentrer sur BuzzSumo. 

À la fin de 2015, BuzzSumo comptait plus de 160 000 abonnés en mode Freemium, mais plus important encore, 2 000 clients payants et un taux annuel d’exploitation de plus de 2,5 millions de dollars.

En octobre 2017, l'entreprise a été acquise par la compagnie BrandWatch, une des plus importantes plateformes d'écoute sociale de l'industrie. 


Le type de service offert


BuzzSumo est un outil de recherche et de veille de contenu partagé sur les médias sociaux. La fonctionnalité principale vise à trouver le contenu le plus partagé sur les réseaux sociaux - vous pouvez accéder à votre propre site web ou blog et voir ce qui a été partagé socialement. Il est également possible de voir les pièces de contenu les plus partagées sur des sites web et blogs dans son domaine ou son industrie. De plus, il est possible de trouver des influenceurs liés à des sujets particuliers.


Les prédécesseurs


Le principal prédécesseur de BuzzSumo est Twitter Analytics pour faire le type ce type d'analyse.


Les compétiteurs


Selon g2crowd.com les principaux concurrents sont : 
  • Synthesio
  • Iconosquare
  • Simply Measured


Les langues d’interface


L'interface est uniquement en anglais mais peut filtrer la recherche de contenu dans différentes langues, notamment le français et l'espagnol. 


Les modalités de recherche


La recherche principale est effectuée dans la section « Most Shared » : https://app.buzzsumo.com/research/most-shared


Les utilisateurs visés


  • Agences média numérique
  • Équipes de marketing de contenu
  • Équipes marketing social
  • Équipes de rédaction


Le nombre d’utilisateurs


Le nombre d'utilisateurs en 2018 n'est pas connu. Mais selon le site SimilarWeb, il y a en moyenne 1,3 millions de visites par mois sur BuzzSumo.com. 



Les frais d’utilisation


Voici une vue d'ensemble de la tarification du service disponible sur ce lien


Les types de navigation offerts


L'application est uniquement disponible par fureteur mobile ou desktop. Il n'y a pour l'instant aucune application mobile sur Google Play ou Apple App Store. 


La possibilité pour les utilisateurs de gérer un profil


Les utilisateurs peuvent configurer leur compte commerciale avec certaines options plus avancées, notamment :
  • Connection avec Rest API vers d'autres systèmes, principalement analytique
  • Connection au compte Twitter de l'entreprise ou l'utilisateur
  • Configuration d'alertes lorsque des pièces de contenu sont publiés à propos des sujets que l'utilisateur veut suivre, un peu comme les agrégateurs Feedly ou Google Alerts


Les éléments faisant partie du profil


  • Nom, prénom
  • Compagnie
  • Email
  • Information de paiement


La présence de groupes ou de réseaux


Il n'y a aucune communauté formellement dédiée à BuzzSumo comme c'est le cas pour des plateformes plus importantes. 


Les options de vie privée

 

Étant donné qu'il s'agit d'une plateforme SaaS commerciale, aucune information est public. 


L’interopérabilité avec d’autres services


Les options sont limitées et la seule connexion est avec le compte Twitter de l'utilisateur. 

L’impact du web social sur l’évolution des institutions bancaires

« Nous surestimons toujours le changement qui se produira au cours des deux prochaines années et sous-estimons le changement qui se produira au cours des dix prochaines années. Ne vous laissez pas entraîner dans l'inaction. »

Bill Gates
 



La transformation numérique de l’expérience bancaire


Selon une étude du groupe McKinsey intitulée ‘A Brave New World for ‘Global Banking: McKinsey Global Banking Annual Review 2016’, pour chaque 10 pourcent de points gagnés en satisfaction client, les banques gagnent 2 à 3% de revenu. C’est pourquoi la satisfaction et l’expérience client et l’affinité de marque qui en découlent sont au centre de la préoccupation des dirigeants de cette industrie.

Par contre, il existe au niveau des banques un grand enjeu de perception auprès des consommateurs. Généralement, la population, particulièrement la génération des milléniaux et la génération z, voit les banques comme étants vieux jeu et en retard technologiquement. De plus, selon un sondage de Ernst & Young (2012), les clients perçoivent que les institutions financières ne reconnaissent pas leurs besoins et ne s’y intéressent pas.

Une autre étude d’IBM en 2015 renforce la prédominance de cette perception, soulevant que seulement 35% des répondants ont dit oui à la question « Êtes-vous d’accord que les gestionnaires du patrimoine et les banques livrent un excellent service à la clientèle? » Dans le cas des gestionnaires du patrimoine, seulement 16% ont répondu positivement.

Pour se positionner comme étant plus « sociales » et « amicales » les banques se sont ruées vers les médias numériques et les réseaux sociaux depuis quelques années. La vague tardive a pris son élan entre 2013 et 2015. Malheureusement, comme le rapporte la firme The Financial Brand, la présence des banques sur les médias sociaux s’est rapidement estompée parmi la plupart des grandes institutions. Au trimestre fiscal 3 en 2017, on constate une diminution de contenu bancaire sur les réseaux sociaux de 44% comparativement au trimestre 2 en 2014.

 

Le déclin de contenu publié par les banques sur les médias sociaux semble être corollaire à leur faible taux d’engagement auprès de leur clientèle sur ces plateformes. Toujours selon The Financial Brand, les banques, en moyenne, ne rejoignent pas plus de 4% de leurs clients sur Facebook. Ces anciennes institutions ont de la difficulté à socialiser avec leur audience.

C’est peut-être justement parce que les banques ne sont pas réputées pour l’engagement sociale et la personnalisation, choses qui caractérisent fondamentalement le nouveau web social dans lequel ces institutions doivent maintenant évoluer, que ces dernières font face à une telle réticence. Le dilemme est évident, la clientèle bancaire évolue vers une culture numérique et web foncièrement sociale et personnalisée, mais les banques sont perçues comme étants à l’autre opposé de ce spectre.

Cette situation est bien illustrée dans une étude publiée par Zalfa Laili Hamzah et al. en 2017, dans le International Journal of Bank Marketing, Vol. 35 intitulé ‘Elucidating perceived overall service quality in retail’. L’étude confirme de nouveau la prééminence de l’expérience client (CX) ainsi que la personnalisation comme avantage stratégique clé. Hamzah et al. mettent particulièrement l’emphase sur l’expérience numérique web, expliquants que l’expérience bancaire en ligne a un effet considérable sur la perception générale de la qualité du service bancaire. Selon l’article, « le client s’attend à ce que la banque personnalise son attention. » 

 
On constate que plusieurs analystes et académiciens de l'industrie s'accordent à dire que les notions de « personnalisation, » de « transactions web » et de « satisfaction client » sont intimement liées l’une à l’autre. De plus, selon l’étude McKinsey citée plus haut, la notion de « satisfaction » a un impact direct sur les revenus des institutions bancaires. C’est pourquoi, en dernière analyse, la question d’adaptation de ces entités à l’ère du web social est, en quelque sorte, une question de survie. D’ailleurs, la menace que pose la cryptomonnaie au modèle monétaire et financier traditionnel, et qui est directement le fruit de l’ère des réseaux sociaux et du web participatif, présente un incitatif additionnel important à ce besoin de transformation.

 L’opportunité du web social pour les banques


Malgré le lent processus d’adhésion des banques à la culture numérique web, des nouvelles technologies offrent une promesse de changements importants à l’horizon. Une nouvelle génération d’institutions financières natives au numérique et au web social font bouger les choses. On parle ici des compagnies émergentes communéments connues sous le nom des FinTechs.

Selon le site web Investopedia.com, on décrit les FinTechs comme suit :

Fintech est un portemanteau de technologies financières qui décrit un secteur émergent des services financiers au 21ème siècle. À l’origine, le terme s’appliquait à la technologie appliquée à l’arrière-plan [back-end] des institutions financières commerciales et de consommation établies.
Cette génération de compagnies financières high tech attire tant les investisseurs parce que sur le terrain, les FinTechs sont devenus un aimant pour les nouvelles générations de consommateurs des produits financiers. Comme l’explique la firme Accenture dans son étude intitulée Cutting Through the FinTech Noise: Markers of Success, Imperatives For Banks :
( ... ) les consommateurs sont plus ouverts aux relations qui sont axées sur l'origination / les ventes (par exemple, Uber, AirBnB, Booking.com, etc.), qui sont personnalisés et qui mettent l'accent sur la transparence ou l'accès sur demande à une couche de service ajoutée, mais distincte du service ou du produit sous-jacent.
Les exemples comme Uber, AirBnB et Booking.com sont tous des exemples d’entités commerciales ayant perturbé leur industrie par leur adaptation à la culture web social. Les FinTechs ne sont donc qu’une nouvelle itération du phénomène culturel émanant de la technologie numérique et l’Internet.

Devant l’avantage natif des Fintechs dans les canaux web et mobile, les institutions financières traditionnelles doivent maximiser la satisfaction client sur l’ensemble des canaux d’interaction. Des firmes FinTechs comme CallVu et Econiq sont des exemples de startups qui tentent agressivement de maximiser l’efficacité de l’engagement client avec des technologies innovantes comme la biométrie vocale. Cette technologie est d'ailleurs en plein essor dans le secteur financier et risque de changer l'expérience bancaire des clients au cours des prochaines années. 





Par l'usage et la meilleure maîtrise de ce type de technologies perturbatrices, les FinTechs se taillent très rapidement une place imposante dans leur industrie. Pour établir un ordre de grandeur de cette tendance et de son impact ici au Canada, le nombre d’entreprises Fintechs dans le pays est passé de 40 en 2015, à plus de 250 startups en 2017. Cette croissance a été grandement alimentée par le financement VC américain ayant injecté USD$1B dans les entreprises FinTechs canadiennes entre 2012 et 2016. Tel que l’observe Kevin Tynan, SVP/Marketing chez Liberty Bank for Savings, faisant l’écho du rapport Accenture, l’effet FinTech dans l’industrie financière et bancaire ressemble de plus en plus à l’effet Uber dans l’industrie du taxi [The Financial Brand].

La différence, potentiellement, c’est que contrairement à l’industrie du taxi qui a ignoré la menace, les banques semblent plus allumées devant le sérieux de la situation. C’est pourquoi une nouvelle relation collaborative émerge entre les FinTechs et les banques traditionnelles.

Comme l’indique l'analyse du groupe Accenture citée plus haut, le principal vecteur de cette collaboration est le phénomène des API bancaires et l’Open Banking. La nature de cette technologie et son impact sur l’industrie bancaire sera discuté un peu plus loin. Il constitue l’une des composantes de la révolution financière causée par le web social.

Il y a d’autres tendances, celles-ci passablement indépendantes des FinTechs, qui elles aussi viendront transformer les banques et ses interactions avec sa clientèle. Les technologies au centre de cette révolution potentielle sont les suivantes :

  1. L’intelligence artificielle
  2. La réalité virtuelle et augmentée
Ces deux technologies viendront changer les banques significativement dans un horizon de un à vingt ans. Dans le cas des API bancaires, on parle plutôt d’un changement dans les cinq prochaines années.

Plus précisément, la progression du changement de un, cinq à vingt ans, se fera, selon l'interprétation des données de notre analyse, par l’entremise des trois technologies suivantes en ordre chronologique :

  • Les Chatbots bancaires : Fondée sur la technologie IA, ce changement est déjà en progression et viendra changer l’industrie au courant de la prochaine année (deux ans tout au plus).
  • L’Open Banking : Fondée sur les technologies et les plateformes de mégadonnées (big data) et les avancées dans la circulation de l’information à travers les API, cette innovation devrait atteindre sa maturité d’ici cinq ans. 
  • L’Assistant IA virtuel : Fondée sur la technologie IA, la réalité virtuelle et augmentée, ainsi que la circulation de l’information sur la place numérique par l’entremise des API, cette innovation, de nature plus complexe, devrait avoir atteint sa pleine maturité d’ici quinze à vingt ans (peut-être moins.) 
Chacune de ces innovations et leurs technologies adjacentes sont intimement liées à l’émergence et à l’évolution du web social à travers la planète. Dans les sections suivantes, chaque technologie sera décrite plus en détails pour mieux comprendre de quelle façon elle viendront transformer, concrètement, l’expérience bancaire de demain.

Mais tout d’abord, jetons un regard dans le quotidien d’un commun citoyen à l’an 2031….


UN APERÇU DE LA RÉALITÉ BANCAIRE EN 2031


Priya, 45 ans, est confortablement installée dans sa voiture sans chauffeur (self-driving car) depuis Laval pour se rendre vers le centre-ville. Dans le confort de son véhicule, elle révise ses options financières sur son téléphone. Un message enregistré sur sa montre intelligente projette un hologramme en réalité virtuelle (RV) de son conseiller financier. Ce dernier lui indique qu’elle aurait des décisions à prendre à propos de ses actifs. Elle contre-valide en un instant la recommandation avec un outil IA indépendant d’analyse de portefeuille financier qui est lui aussi accessible depuis sa montre intelligente RV. Tout en prenant connaissance des recommandations de l’expert, elle réalise qu’elle devrait investir dans un Produit X pour son fils de 10 ans. Elle répond à son conseiller par l’affirmative alors que la voiture se gare et qu’elle s’apprête à commencer sa journée de travail.

Pendant l’heure du dîner, Priya discute avec sa collègue Elisabeth qui éprouve quelques difficultés financières. Celle-ci a tenté à plusieures reprises de régler ses problèmes financiers en utilisant des solutions rapides présentées par des entreprises spécialisées. Pourtant, sa cote de crédit se réduit et ses économies s’amenuisent. Priya lui recommande une vidéo éducative sur la gestion d’épargne. Elle lui recommande son conseiller et lui laisse ses coordonnées en lui disant : « Il a changé ma vie. C’est vraiment une question de changer certaines habitudes sans pour autant changer qui tu es! »

La semaine suivante, Elisabeth entre en contact avec Harold, le conseiller de Priya. Comme Elisabeth a un horaire bien rempli, ils coordonnent un appel vidéo pendant lequel Harold pourra mieux approfondir les détails de sa situation. En attendant, Elisabeth a passé une pré-entrevue avec le Chatbot de la Banque, William, qui s’occupe de lui poser des questions préliminaires à propos de sa situation financière et d’obtenir un maximum d’information pour aider Harold à mieux se préparer pour la rencontre.

En complétant les réponses de l’entrevue avec des données personnalisées disponibles à travers des API, William est déjà en mesure de comprendre plusieurs choses qui lui permettront d’offrir une pré-recommandation à Harold. D’ailleurs, après avoir traité des centaines de milliers de requêtes similaires à celle-ci, William en a vu d’autres...

Dès la première rencontre avec Elisabeth, Harold avait déjà plusieurs bonnes pistes pour aider sa cliente à résoudre sa situation financière. En personnalisant bien sa solution, Harold a établi un lien de confiance fort sur lequel la banque pourra tabler afin de compter Elisabeth parmi ses nouveaux clients.


De retour en 2018...


Maintenant que nous avons un portrait robot (sans vouloir faire de jeux de mots) de ce à quoi pourrait ressembler l’avenir bancaire avec les trois technologies principales de cette étude, regardons chacune d’entre elle, individuellement. Voyons comment elles vont évoluer sur un an, cinq et vingt ans.


D’ICI UN AN : LES CHATBOTS BANCAIRES


La première tendance que nous allons présenter est la préférée du gourou de la FinTech Chris Skinner. Il s’agit des chatbots bancaires. Quoique cette tendance aurait pu être jumelée à l’assistant AI, elle se distingue par l’optique de son utilisation de l’intelligence artificielle dans l’expérience client.

La force des chatbots est dans la proximité psychométrique et dans l’intimité de la relation que cette technologie peut développer entre la marque et son client. Humainement parlant, la possibilité d’entretenir des conversations par chat entre un conseiller au service à la clientèle et un client, 24h sur 24h, représenterait un coût opérationnel insoutenable.

Aujourd’hui, les avancées dans cette discipline rendent le niveau de complicité entre client et banque plus important que jamais. Des entreprises comme Kasisto, qui se spécialisent dans les chatbots bancaires, ont produit des études de cas démontrant qu’ils ont pu traiter 82% des requêtes par chat sans l’aide d’un agent. D’ici 2022, certaines études disent que les chatbots vont économiser USD$8B aux industries comme la santé, la finance et le commerce de détail.

De toute évidence, comme Chris Skinner en évangélise la cause, la course aux chatbots risque d’être l’un des grands terrains concurrentiels entre les institutions bancaires et les FinTechs. D’ici un an, nous croyons que la plupart des banques vont accélérer leur préparation pour ce chantier très stratégique de l’expérience client, afin d’assurer un service plus rapproché de la réalité du web social.

 


D’ICI CINQ ANS : LES BANKING API


La ‘plateformisation’ des processus bancaires est une tendance lourde à surveiller selon l’ensemble des analyses de l’industrie. C’est en partie grâce à la grande agilité et la flexibilité d’innovation offerte aux institutions financières par l’avènement des API externes.

Selon Peter Wannemacher, Analyste senior chez Forrester Research [The Financial Brand],
Les API deviendront, dans un avenir rapproché, un moyen nécessaire et de grande valeur pour permettre aux banques de faire leur travail.
Les Google, Amazon, Facebook, Apple (GAFA) commencent aussi à encercler le domaine bancaire de par leurs propres solutions faisants usage de tels API.

En Europe, la tendance législative initiée par la révision du EU Payment Services Directive (PSD2) fait en sorte que les banques doivent s’ouvrir à plus d’interactions avec des tierces parties, notamment par l’entremise des API bancaires.

L’aspect intéressant de ce phénomène, c’est qu’il reflète la façon dont l’influence du web social sur les comportements individuels de la population commencent à influencer les institutions dans le même sens. La notion de circulation de l’information sur la sphère publique s’applique maintenant aux interactions entre individu et institution, ainsi que pour les institutions les unes envers les autres.

Aux États-Unis, des compagnies financières comme BBVA ont ouvert leur API de paiements à la startup FinTech Dwolla, tandis que USAA a pour sa part ouvert son API à Coinbase pour les paiements Bitcoin et Ethereum.

Au Canada, InteracMD lancera prochainement un test d’intégration de sa nouvelle interface API externe avec 3 entreprises canadiennes (OpenSports, Dibbzz et Navi). Parallèlement, Ferst Digital est en train de bâtir une communauté de développeurs d’API bancaires au Canada.




D’ici cinq ans, l’ensemble des institutions bancaires devraient avoir migré vers l’espace Open Banking.


D’ICI 20 ANS : L’ASSISTANT IA BANCAIRE PAR RÉALITÉ AUGMENTÉE


Selon le rapport intitulé Accenture Technology Vision 2017, la plupart des grandes banques ont compris le message en ce qui a trait à l’émergence de l’intelligence artificielle. Sur les trois prochaines années, des investissements seront dirigés vers les applications suivantes : Embedded AI solutions (40%), Computer Vision (40%), Machine Learning (38%), Natural Language Processing (37%), Robotic Process Automation (34%).

Des récents exemples d’efforts dans cette direction incluent le développement par Capital One Bank® d’une tâche (appelée ‘Skill’) pour Amazon Alexa qui permet aux clients de vérifier leur solde de carte de crédit et de payer des factures avec leur appareil. HSBC® pour sa part a développé un assistant IA virtuel, Olivia, qui peut aider les clients avec leurs questions à propos de leur compte bancaire ou de leur carte de crédit.

Les efforts d’intégrer de l’assistance IA à l’expérience client visent des gains importants selon l’étude d’Accenture. Les trois principaux gains visés par les institutions financières avec cette technologie sont: une compréhension et une analyse client plus profonde (60%), une productivité et une efficacité accrue (59%) et l’optimisation des coûts/bénéfices (54%).

La citation suivante de Dominic Venturo, EVP et Chief Innovation Officer chez U.S. Bank, résume bien l’émergence du concept de la ‘banque cognitive’ :
L'apprentissage automatique et l'intelligence artificielle commenceront à être appliqués au-delà des robots et les activités visant à tirer parti de ces technologies commenceront à prendre forme. L'année 2017 sera probablement une année de transition au cours de laquelle les pilotes informeront le développement de produits à plus long terme. [The Financial Brand]
Même si les infrastructures IA se dessinent rapidement au sein de cette industrie, reste-t-il que la finance, c’est complexe. De plus, l’IA en général, quoique en pleine effervescence, n’a pas encore atteint son stade de pleine maturité.

De plus, la technologie de réalité virtuelle et augmentée elle aussi en est encore à son étape d’évolution séminale. La combinaison d’IA et de RV/RA prendra donc probablement encore une décennie avant de se matérialiser. C’est pourquoi une version avancée et quasi-autonome d’un assistant bancaire IA virtuelle n’arrivera pas avant quinze à vingt ans. Toutefois, dans cinq à dix ans, on devrait commencer à voir des versions assez impressionnantes de cette technologie voir le jour.

Entre temps, les premières étapes de cette transformation vont donner lieu d'ici quelques années à ce que IBM appelle l'ère de la banque cognitive (cognitive banking).


Conclusion


En résumé, cette analyse a tenté de démontrer que l’impact du web social s’étend bien au-delà des interactions entre les individus. Même des institutions robustes et réticentes au changement comme les banques n’y échappent pas.

La transformation sociale causée par le web participatif semble omniprésente et comme l’affirme le futuriste Ray Kurzweil : The Singularity Is Near (La singularité est proche.)

Références bibliographiques supplémentaires

  1. Muslim Amin , (2016), "Internet banking service quality and its implication on e-customer satisfaction and e-customer loyalty ", International Journal of Bank Marketing, Vol. 34 Iss 3 pp. 280 - 306
  2. Huseyin Arasli, (2005), ”Customer service quality in the Greek Cypriot banking industry”
  3. Alessandro Arbore, (2009),”Customer satisfaction and dissatisfaction in retail banking: Exploring the asymmetric impact of attribute performances”
  4. Jaroslav Belas, (2014), “Reasons for satisfaction and dissatisfaction of bank customer. Study from Slovakia and the Czech Republic”
  5. William L. Boyd, (1994), “Customer Preferences for Financial Services: An Analysis”
  6. Luis V. Casaló Carlos Flavián Miguel Guinalíu, (2008),"The role of satisfaction and website usability in developing customer loyalty and positive word-of-mouth in the e-banking services", International Journal of Bank Marketing, Vol. 26 Iss 6 pp. 399 - 417
  7. Zalfa Laili Hamzah, Siew Peng Lee, Sedigheh Moghavvemi, (2017) "Elucidating perceived overall service quality in retail banking", International Journal of Bank Marketing, Vol. 35 Issue: 5, doi: 10.1108/IJBM-12-2015-0204
  8. Ove C. Hansemark, Marie Albinsson, (2004) “Customer satisfaction and retention: the experiences of individual employees”
  9. Nan-Chen Hsieh, (2004), “An integrated data mining and behavioral scoring model for analyzing bank customers
  10. Matthew Joseph, George Stone, (2003), “An empirical evaluation of US bank customer perceptions of the impact of technology on service delivery in the banking sector.”
  11. Erdener Kaynak, Talha D. Harcar, (2005), “American consumers’ attitudes towards commercial banks”
  12. Riadh Ladhari, (2009), “Assessment of the psychometric properties of SERVQUAL in the Canadian banking industry”
  13. Anne Martensen , Lars Gronholdt & Kai Kristensen (2000) “The drivers of customer satisfaction and loyalty: Cross-industry findings from Denmark”, Total Quality Management
  14. Leighann C. Neilson, Megha Chadha, (2008), “International marketing strategy in the retail banking industry: The case of ICICI Bank in Canada”
  15. PWC, “Retail banking 2020, Evolution or Revolution?” www.pwc.com/banking


mardi 17 juillet 2018

La publicité numérique devrait-elle passer au BAT ?


Le BAT (Basic Attention Token) est une solution informatique aux problèmes de la publicité en ligne. Ces problèmes sont l’érosion de la confidentialité des consommateurs, la fraude publicitaire et l’accaparement de plus en plus grande du marché par quelques joueurs.

Ce système fait appel à la chaîne de blocs (blockchain), une base de données distribuée sans contrôle central, utilisé par les crypto-monnaies tel que Bitcoin. En fait les BAT sont une forme de monnaie (bien que ses créateurs parlent plutôt de jeton d’utilité) qui est échangé entre les utilisateurs, les publicitaires et créateurs de contenu. Cet échange est en fonction de l’intérêt de l’utilisateur pour le contenu et les publicités qui l’ont attiré.

Le tout est supporté par le navigateur Brave, le bébé de Brendan Eich, créateur du langage javascript et un des créateurs de la fondation Mozilla (navigateur Firefox). Ce navigateur implémente une stricte protection des informations de l’utilisateur et permet l’échange automatique ou volontaire des BAT.

L’approche s’inscrit dans la mouvance d’appliquer les chaînes de blocs pour de plus en plus d’usages. Ceci est supporté par le succès d’Ethereum [Wood 2014] ainsi que par les recherches pour s’en servir afin de mieux gérer les chaînes d’approvisionnement [Kim & Laskowski 2016] ou pour améliorer les performances d’authentification des échanges [Vukolić 2016].

Diagramme de la triade des BAT
basicattentiontoken.org


samedi 14 juillet 2018

Les différences entre la gestion de la vie privée aux É-U et en Europe

Comme je l'aborde dans différents billets sur ce blog, la question de la gestion des données sur la vie privée est un débat social important dans la société d'aujourd'hui.

Au niveau législatif, il est intéressant de constater le grand contraste dans ce débat entre l'approche du gouvernement américain et l'Union européenne.

Dans ce billet, je vais présenter très sommairement les approches de chacun de ces deux grands gouvernements. Comme vous le verrez, l'UE et les É-U semble aller dans deux directions opposés.

Dans le cas des É-U, on adopte une politique beaucoup plus souple, tandis que l'Europe a opté pour une restriction plus sévère de l'accès des entités commerciales aux données de la vie privée.

La gestion de la vie privée aux É-U

Aux États-Unis, le “Consumer Privacy Bill of Rights Act of 2015” [S.1158 - 114th Congress] voté en 2015 sous l'administration Obama a été révoqué en mars de cette année [S.J.Res.34 - 115th Congress]. Ceci permet aux fournisseurs d’accès internet de collecter des informations sur les utilisateurs.

Les entreprises de télécommunication voient cela d'un bon oeil. Elles pourraient par contre perdre la confiance des internautes qui considèrent leur vie privée comme presque aussi importante que leur sécurité informatique, ce qui pourrait les amener à faire attention aux sites sur lesquels ils écrivent ou magasinent [eMarketer, 31 mars 2017]. Pour citer De Moy (directeur privacy and data au Center for Democracy & Technology) :
Lorsque les gens cessent de faire confiance à l'Internet, nous perdons non seulement la confiance, mais aussi des dollars.
Néanmoins, le risque de cette perte de confiance auprès de la population ne semble se refléter au niveau législatif ou politique. Car les Google, Facebook, Amazon et al maintiennent une assez grande liberté dans la collecte de données. Par ricochet, cette souplesse du gouvernement donne lieu à une intensification du recours à des logiciels de type « ad blocking, » initiant la course aux armements entre bloqueurs et anti-bloqueurs que se livrent les internautes et les éditeurs [Khattak 2017].

En résumé, on peut ramener l'approche américaine aux caractéristiques suivants :
  • Le marché américain est très peu réglementé
  • La collecte de données peut être incroyable
  • La confiance des internautes doit quand même être ménagée
  • Le recours aux bloqueurs d’annonce, aux logiciels d’anonymisation et aux VPN va s’intensifier

La gestion de la vie privée en Europe

En 2016, l'Union Européenne a adopté son cadre réglementaire sur la collecte et la protection des informations personnelles [Règlement (UE) 2016/679, 27 avril 2017]. Le règlement est entré en vigueur pour les membres de l'union depuis mai 2018. C'est une réponse directe aux attentes du public tel que définis lors de la European conference of Data Protection Authorities [Information Commissioner's Office, mai 2015].

Le but direct est de protéger les données personnelles des citoyens de l'union. Ceci est en partie une réponse au scandale de l'espionnage américain révélé par le site Wikileaks. Le scandal des fausses nouvelles des élections américaines en 2016 a bien entendu renforcé cette position. Mais c'est peut-être aussi un moyen détourné pour l'Europe de favoriser l'émergence d'un marché protégé de la donnée européenne [eMarketer, 14 mars 2017]. Pour citer Todd Ruback :
Ils tentent de créer les conditions à l'intérieur de l'UE pour engendrer le prochain Facebook ou Google - essentiellement une compagnie technologique européenne.
En résumé, on peut ramener l'approche américaine aux caractéristiques suivants :
  • Le marché européen est fortement réglementé
  • La collecte de données est difficile et doit être prudente
  • La mesure a un effet de protectionnisme sur les données d’audience de l’Europe
  • C’est une opportunité pour entreprises technologique de l’Europe
La dichotomie entre l'approche de gestion de ces deux puissances mondiales pourrait à terme complexifier l'élaboration d'un standard international. Le tout reste à suivre...

Vers une expérience web participatif « cross-device »

Depuis son émergence, le web social est principalement une expérience vécue sur un seul écran, soit l'écran de son ordinateur ou l'écran de son téléphone intelligent plus récemment. Mais de plus en plus, les utilisateurs cherchent à unifier leur expérience tandis qu'ils naviguent d'un écran à l'autre.

Un moment on regarde un film sur Netflix devant son écran de télévision. Un peu plus tard, on peut continuer de regarder le même film sur l'écran de son téléphone dans un café Starbucks. L'application de streaming Netflix fait le lien entre les deux appareils pour le même utilisateur avec son identifiant. Ce faisant, l'activité de streaming reprend exactement au moment où le film s'est arrêté dans l'écran de télévision.

Cette expérience multi-écrans de Netflix et YouTube reflète bien l'augmentation du nombre d'écrans par individu en moyenne. Selon les chiffres de Statista.com, en 2016, 23% des canadiens utilisent 5 appareils ou plus.
C'est pourquoi les développeurs d'applications et d'appareils technologiques tentent de répondre à cette réalité en améliorant la communication entre les appareils de l'utilisateur.

Dans le contexte de la description du web participatif donnée dans la section 7.4. du cours INF 6107, « le web participatif est basé sur l’activité et non sur le « contenu ». Si l'activité n'est plus restreinte à un seul écran, il est normal de s'attendre à ce que la technologie, qui elle sert d'intermédiaire à la participation sur le web, voit une évolution corollaire. 

C'est d'ailleurs ce qui est en train de se produire. Un exemple courant est l'assistant à domicile, dont Google Home et Amazon Alexa, qui servent en quelque sorte de centre nerveux pour nos différents appareils et écrans dans la maison. Via l'assistant Google ou Amazon, d'une simple commande de la voix, on peut contrôler la plupart de nos écrans. 

Par contre, on ne parle pas encore de « cross-device » car les appareils ne communiquent pas nécessairement entre eux via Google Home ou Alexa.

Pour répondre à cette problématique, des nouvelles technologies sont présentement en R&D chez les Google, Facebook, Amazon et Apple de ce monde. L'exemple que je vais présenter dans ce billet est la technologie « cross-device » avec ultrason sous le nom de uXDT.

Le uXDT (ultrasound Cross Device Tracking) a été lancé sur le marché en 2014 par SilverPush pour suivre les habitudes des consommateurs par l’utilisation de signaux ultrasons.

À titre d'exemple d'utilisation, imaginons un scénario avec une publicité télévisée, une balise dans une boutique, une publicité sur un site internet ou une application dans l’appareil d’une tierce personne.


Avec une application basée sur la technologie uXDT, on peut émettre des ultrasons qui seront captés par les appareils qui y sont connectés. Les informations sur les déplacements et fréquentations de l’utilisateur sont envoyés aux serveurs de l'application pour créer un identifiant unique entre les appareils.

Une étude publiée l'an passé a dévoilé que 234 applications androids intégraient le code de SilverPush [Arp et al. 2017]. 

Par contre, étant donné la nature sourdine de cette technologie, elle a soulevé un tollé qui a mené à des réactions négatives du public. Par exemple, la compagnie Samsung a reçu très mauvaise presse après avoir été soupçonnée de vouloir utiliser des balises ultrasons sans autorisation des utilisateurs [The Sun, 8 juin 2017]. D’autres études actuelles portent sur les questions de confidentialité [Zimmeck et al. 2017] et de sécurité [Mavroudis et al. 2017] soulevés par cette technologie.

Malgré tout, nombreuses autres compagnies ont commencé à adopter la technologie uXDT ou de nature semblable. Google par exemple a relâché le Nearby Messages API permettant de développer des applications qui utilisent un mélange de moyens, incluant les ultrasons, pour parvenir aux mêmes fins [Google developers, 18 mai 2017]. 

Avec la controverse autour de la vie privée, on peut s'attendre à une resistance envers cette prochaine génération de web participatif. Pour l'instant, il faudra se contenter d'une activité multi-écrans restreinte à des applications comme les réseaux sociaux (pensons à Facebook Messenger) ou YouTube. 

Néanmoins, c'est à surveiller pour l'avenir...

mercredi 11 juillet 2018

Est-ce que Facebook Messenger deviendra le nouveau courriel ?

En 2017, Facebook Messenger, la plateforme texto interne de Facebook, comptait plus de 1,2 milliards d'utilisateurs. C'est énorme !

D'ailleurs, un article du site HubSpot pose la question aux marketers numériques à savoir si Facebook Messenger n'allait pas bientôt remplacer les Courriels.

Si on se base sur les résultats de leur test de campagne mesurant le taux d'engagement et d'ouverture entre Facebook Messenger et les courriels, tout semble pointer vers un changement à l'horizon.

Voici comment HubSpot décrit les paramètres de leur test :
Nous avons offert aux lecteurs deux options: soumettre le formulaire et recevoir le contenu immédiatement et par e-mail - de manière traditionnelle - ou ignorer le formulaire et accéder immédiatement au contenu de Facebook Messenger. Environ 20% ont choisi cette dernière option.
Nous avons ensuite envoyé des diffusions de messageries régulières aux personnes qui avaient opt-in, les supprimant des envois d'e-mails et étudié leur comportement. 
Après quatre semaines de test, voici à quoi ressemble les résultats :



On constate que le taux d'ouverture de message et le taux de clics sont radicalement plus élevé sur Facebook Messenger.

Bien entendu, il ne s'agit ici que d'un seul test et il serait simpliste d'en tirer des conclusions générales à propos de l'avenir du canal traditionnel de courriels. Néanmoins, ce test est un bon portrait de l'évolution de la typologie des relations humaines sur le Web Social.

Les médias sociaux comme Facebook ainsi que l'émergence des textos sur les appareils mobiles ont fondamentalement altérés les interactions entre les gens. 

Tandis que le courriel reste le canal de prédilection pour communiquer dans le milieu professionnel, c'est de moins en moins vrai pour la communication sociale amicale ou de récréation. 

Assistons-nous à un changement de paradigme de communication ? Peut-être que oui. Le site web Business Insider rapporte les statistiques suivantes à ce sujet :
Les quatre principales applications de messagerie - Messager, WhatsApp, WeChat et Viber de Facebook - comptent maintenant près de 3 milliards d'utilisateurs actifs mensuels combinés, surpassant de peu les utilisateurs actifs combinés sur les quatre plus grands réseaux sociaux du monde, y compris Facebook.
En voici l'illustration :


Comprendre le phénomène derrière l'objet social de Snapchat

L'un des réseaux sociaux les plus populaires mais les moins bien compris est la plateforme Snapchat. À bien des niveaux, incluant l'introduction de la réalité augmentée dans le monde du web participatif, ce réseau est venu changer et faire évoluer le concept de l'object social sur le web.

Son expansion est d'ailleurs non négligeable. Un analyse par eMarketer prédit que Snapchat comptera 85 millions d'américains d'ici 2020.


D'un point de vue démographique, la plateforme a donné un coup de vieux à son rival prédécesseur Facebook, en séduisant une audience démographique beaucoup plus jeune, encore plus jeune que Instagram.

La question qui se pose c'est, comment Snapchat a réussi à connaitre autant de succès aussi rapidement auprès des jeunes de 13 à 18 ans ? Par quel objet social la plateforme s'est-elle démarquée (pour être ensuite copiée par ses consoeurs) ?

L'idée principalement est simple, il s'agit essentiellement de s'exprimer et de communiquer avec des images au lieu des mots. Dans cette petite vidéo, l'équipe de Snapchat explique dans ses mots comment fonctionne la plateforme en 60 secondes.

Pour vous aider à comprendre le phénomène Snapchat et la réussite de son nouveau format d'objet social, je vous invites à consulter la vidéo :

mardi 10 juillet 2018

Quelles sont les composantes du contenu viral sur le Web Social ?


Dans la section 4.2.2 du module 4 pour le cours INF 6107, il est question du phénomène de la propagation virale du contenu dans les médias sociaux. Une des observations importantes soulevées pour décrire le phénomène est l'analogie du comportement d'un virus biologique qui se répand dans une population.

En effet, une étude rapportée par le magazine Scientific American confirme mathématiquement cette analogie. L'étude initiale qui date de juin 2017 a été publiée dans le journal Nature: Human Behavior par Filippo Menczer et al du Center for Complex Networks and Systems Research, School of Informatics and Computing, Indiana University.

Dans l'article, intitulé Limited individual attention and online virality of low-quality information, les auteurs présentent un modèle qui tentent mathématiquement de comprendre pourquoi des êtres humains en bonne santé mentale, majeurs et vaccinés, partagent-ils en si grand nombre des fausses nouvelles avec des titres comme : NASA runs a child-slave colony on Mars!

En résumé, selon les chercheurs trois grands facteurs semblent contribuer à la propagation virale d'une fausse nouvelle :
  1. l'énorme quantité d'informations disponibles
  2. la quantité limitée de temps et d'attention que les gens peuvent consacrer au défilement de leurs fils de nouvelles et au choix de ce qu'ils doivent partager
  3. la structure des réseaux sociaux sous-jacents
Ces facteurs sont bien entendu intimement liés à l'excès d'information qui bombarde nos cerveaux depuis l'explosion du Web Social. Tel que discuté dans mon billet précédent à propos du module 4, « L'état de la Blogosphère en 2018 : Les blogues sont-ils saturés ? », la quantité de blogs qui alimentent en bonne partie le contenu des fils d'actualité sur Facebook, Twitter et autres ne cesse d'augmenter. Il devient donc beaucoup plus difficile de filtrer ces données, surtout si on dépend de nos contacts sur les réseaux sociaux comme filtre collectif de l'information. 

Pour imager l'effet de cette surcharge de contenu social et des risques de propagation de fausses nouvelles qu'il engendre, Menczer et al offre dans leur article scientifique une image des différents états d'un réseau selon le volume et la diversité de l'information qu'il propage entre ses participants (amis Facebook ou abonnés Twitter.)



L'illustration 'c' du modèle Menczer ci-haut montre le compromis entre le pouvoir discriminant du système dans la diffusion des pièces de contenu de qualité et la diversité du contenu dans le réseau. Les nœuds représentent les utilisateurs qui consomment le contenu, leur couleur représente le dernier contenu partagé et leur taille indique la qualité de ce contenu (plus le nœud est grand, plus la qualité est élevée). 

Les arêtes représentent les liens sociaux entre les utilisateurs, tels que les abonnés sur Twitter ou les amis sur Facebook. Lorsque la charge d'information μ est faible, seuls des pièces de contenu de haute qualité sont présents, avec une faible diversité. Lorsque μ augmente, nous observons une plus grande diversité et un pouvoir discriminant plus faible. Ici N = 128 et α = 10. 

En résumé, ce que le modèle cherche à nous faire comprendre, c'est que plus le volume d'information augmente dans un réseau social, plus le réseau a de la difficulté à discriminer le 'vrai' contenu du 'faux'. Par conséquent, plus la force du taux de propagation du 'faux' contenu augmente. 

Dans son interprétation des résultats du modèle, l'article du magazine Scientific American observe que ce type de comportement de réseau est structurellement le même que celui de l'influenza dans une population. Selon le journaliste de SA Madhusree Mukerjee :
Si, par exemple, Alice est «infectée» par un virus de la grippe ou une fausse nouvelle, elle peut transmettre la contagion le long de ces liens à ses amis Bob et Clive en leur serrant la main ou en partageant le même [contenu] avec eux, respectivement. Bob et Clive pourraient à leur tour transmettre la contagion à leurs contacts, et ainsi de suite. En étoffant ce cadre squelettique, les scientifiques tentent de simuler jusqu'à quel point un mème [contenu] peut se propager dans différentes conditions.
Le plus alarmant, observe adroitement Mukeriee, c'est que « dans le cas d'une grippe, nous sommes habituellement confrontés à une souche à la fois, ou au pire à quelques-uns. » Cependant, en ce qui a trait à l'épidémie de fausses nouvelles des quelques dernières années, le nombre d'articles bidons qui tentent de nous infecter est comparativement bien plus grand. Une chance que ça ne tue pas... du moins pas encore. 

lundi 9 juillet 2018

6 grandes sources de données privées commercialisables

La donnée d’audience numérique représente la nouvelle denrée d’exploitation pour les entreprises partout dans le monde. Depuis l’émergence des technologies capables de collecter cette donnée aux débuts des années 2000, les modes d’exploitation et les opportunités ont grandement évolué.

Ce billet porte sur les principales formes et canaux d’exploitation de la donnée d’audience numérique.

1. Nos données de déplacements

La donnée à propos des déplacements de l’utilisateur est l’une des plus convoitées par les compagnies de données comme Google et Facebook ou même Météo Média. Une fois anonymisées et agrégées, elles alimentent les algorithmes d’apprentissage machine pour mieux comprendre nos habitudes de vie.


2. La donnée faciale

Liée par vos contacts sur Google, Google + et Facebook

Ces tags sont théoriquement privés, mais comme ils sont liés à de vrais contacts, il est facile d'imaginer que l'information pourrait être utilisée de plusieurs façons.

La reconnaissance faciale est également un moyen de savoir, par apprentissage machine, quel est l’état d’esprit de l’utilisateur. Cette exploitation de données peut être agrégée pour approfondir la compréhension des comportements sociaux.

Des pistes de recherche du MIT, notamment la discipline de la physique social (social physics) offre des modèles d’analyse qui peuvent se porter à ce type de données.

3. Les données de fureteur


Jumpshot est un exemple de fournisseur qui utilise les accords avec des acteurs tiers pour voir des données à partir des activités des internautes sur leur fureteur web. 

En fonction de votre historique de recherches et de visites de sites web, Jumpshot est en mesure de vendre des services d'analyse marketing concurrents d’une haute granularité (i.e. données transactionnelles portants sur des ventes d’un produit sur Amazon vs. Walmart.

Ces rapports sont vendus à des tarifs très élevés par le fournisseur.


4. Les données de voyages

Adara est un exemple de compagnie qui utilise les données en ligne et hors ligne de ses partenaires parmi les plus grandes lignes aériennes et les grands hôteliers à travers le monde pour identifier les habitudes de voyage.

Les données suivantes sont agrégées, modélisées et monétisées par le fournisseur et ses partenaires:

  • Type de carte de crédit
  • Destination, origine,
  • Heure de vol, siège, 
  • Hôtel, étoiles, prix,
  • Nombre de dépliants, enfants, fréquence et bien plus encore.


http://adara.com/assets/img/see-our-data-map.jpg


5. Les données d'écoute de conversations

Au Canada des services de données ont été utilisées par la GRC pour s’attaquer à des groupes de pornographie juvénile en camouflant des ultrasons dans les contenus interceptés par la police.


Rien n’empêche les publicitaires d’en tirer profit sur les appareils mobile. C'est d'ailleurs pourquoi il peut vous arriver de parler d'un sujet spécifique et d'étrangement voir quelques heures plus tard une publicité à ce sujet sur YouTube ou Facebook. Un hasard ?

Certaines recherches ont détecté plus de 140 heures de donnée d’écoute privée sur des appareils de particuliers [Arp et al. 2017]


6. Les données de comportement à domicile

La nouvelle vague de technologie IoT (Internet of Things) ne vient pas seulement avec des avancées au niveau de l’intelligence artificielle. Elle offre également une nouvelle porte d’entrées aux géants de la donnée en enregistrant l’ensemble des activités de votre vie privée à la maison. L’ensemble de ces données résident dans des serveurs de compagnies américaines, dont Google et Amazon sont les principaux garants.


Au-delà de l’enregistrement d’un très grand volume de vos données privées à domicile via Alexa ou Google Home, d’autres types d’IoT comme l’aspirateur Roomba collectent des données complémentaires.

Dans le cas d’espèce, la compagnie Roomba a manifesté l’intention de vendre ces données à Google en été 2017. Quelques jours après la fuite de cette nouvelles dans les médias, Roomba s’est rétracté [The Verge, 28 juillet 2017] et affirme que la compagnie ne vendra jamais les données de ses utilisateurs. 

Conclusion

Comme on peut le constater, l'exploitation des données à propos des individus partagées sur le web social a eu pour effet d'engendrer toute une industrie. La population se doit d'être sensibilisée à ce sujet, car même avec l'avènement du GDRP en Europe, l'industrie de la donnée est encore mal comprise. 

samedi 7 juillet 2018

Les plugins : La sauce secrète de la réussite de Wordpress ?

Dans le module 3 du cours INF 6107, nous étudions les différentes technologies propres aux plateformes de blogging. Un des facteurs ayant contribué à la croissance exponentielle de la Blogosphère, c'est justement d'avoir radicalement baissé les barrières à l'entrée de la création d'un blog.

Il y a 10 ou 15 ans, un grand nombre de blogs étaient créés sur mesure et nécessitaient une expertise de développeur web et / ou de programmation de base.

Mais avec l'émergence des plateformes comme Blogger, Tumblr et Wordpress, plus besoin de savoir coder en HTML ou CSS. On peut créer son blog dans une interface intuitive à la WYSIWYG (What You See Is What You Get). Très peu de connaissances informatiques sont requises et messieurs / madame tout le monde peut s'improviser blogueur en 2018.

Par contre, parmi les plateformes de création de blogs, Wordpress s'est nettement démarqué depuis quelques années. En effet, selon drsoft.com, Wordpress représenterait aujourd’hui 60% de tous les sites web sur l’Internet.

La question s'impose, pourquoi Wordpress ? Qu'est-ce qui distingue cette plateforme des autres pour expliquer sa réussite ?

Je propose qu'une bonne partie de la réponse est dans la supériorité technologique de la plateforme conférée par son immense bassin de plugins.

Pour citer le module 3.4 du cours INF 6107, la définition d'un plugin est la suivante :
Les plugins ou plugiciels viennent apporter de nouvelles fonctionnalités au logiciel de blogue, qui joue le rôle de noyau auquel ils viennent se greffer. Les plugins permettent à des développeurs sans lien avec les créateurs du logiciel de blogue de contribuer à son développement. Ils permettent donc des utilisations imprévues au départ du logiciel de blogue et lui donnent de la flexibilité. Ils ont aussi l’avantage de réduire la taille de l’application-noyau.
Tandis que la plupart des plateformes CMS offrent des options de modules pour enrichir les fonctionnalités d'un site web ou blog, Wordpress s'est vraiment démarqué dans cette catégorie. Pour vous donner une idée de la taille du bassin de plugins Wordpress, voici des statistiques concrètes :
  • Plus de 55 000 plugins WordPress dans le répertoire officiel, et de nouveaux modules ajoutés quotidiennement. [Source]
  • 1,250,000,000+ téléchargements de plugin total se sont produits sur WordPress.org en 2016 (ce nombre a probablement augmenté de beaucoup depuis. [Source]
Il existe une très grande communauté active de développeurs pour ces plugins Wordpress. Dans bien des cas, ces plugins sont d'ailleurs gratuits, dont certains avec des options de fonctionnalités plus avancées payantes. 

Grâce à ces plugins, incluant toute la série de fonctions en commerce électronique de Woo Commerce, les utilisateurs de Wordpress peuvent créer facilement des sites complexes et riches en expérience utilisateur. 

Cette démarcation est selon moi l'un des principaux facteurs de la grande réussite de cette plateforme dans le monde du Web Social.